ABBA – Voulez-Vous (1979)

Le glorieux quatuor rentre dans son tout nouveau studio d’enregistrement en mars 1978 pour des sessions qui ne finiront réellement qu’un an plus tard, après quelques notables bouleversements. Les premières séances se déroulent paisiblement, tellement qu’aucun extrait ne résonne sur les ondes avant l’automne. Le nouveau tube qui survient alors, nommé « Summer Night City », témoigne de l’orientation disco prise par le groupe sur son futur effort. Le Religionnaire ne conteste en rien le caractère dansant des précédents tubes, ni même qu’ABBA soit évidemment un véritable précurseur et un pionnier en matière de disco, mais les quatre troubadours souhaitent désormais et plus que jamais le revendiquer. La plupart des compositions sont hélas forcées à une binarité légère et marquée, affublées d’orchestrations à cordes et cuivres très rudimentaires, et se révèlent à l’évidence inspirées des efforts contemporains des Bee Gees. Le Religionnaire ne saurait condamner une orientation vers le disco, un style qu’il affectionne régulièrement, mais il déplore ici une musique qui perd de son authenticité. Si la forme des titres déçoit, le fond dévoile une inspiration à peine diminuée et la digne survie de l’usine à tube dirigée par les deux mâles de la formation. En effet, les huit extraits commercialisés sous forme de 45tours connaitront un succès admirable en Europe et plutôt respectable outre-Atlantique.

Concocté afin de lancer la tournée américano-canadienne qui suit la sortie de l’album, « Gimme! Gimme! Gimme! (A Man After Midnight) » demeurera l’un des derniers grands classiques du groupe, une preuve évidente que le ramollissement disco n’a pas encore annihilé le génie mélodique de la paire Andersson/Ulvaeus. Hélas, tout comme « Summer Night City », cet hymne par lequel les deux dames s’affichent désormais dévergondées, mais seulement après minuit, ne figure pas sur l’album. Cette absence regrettable est compensée par quelques consolations, comme la chanson éponyme, aussi naïve qu’accrocheuse, le tout aussi entrainant et remuant « Angeleyes », le plus banal mais tout de même réjouissant « If It Wasn’t for the Nights » ainsi que le délicieusement sophistiqué « Lovers (Live a Little Longer) ». Ces réussites disco côtoient d’autres tentatives nettement moins mémorables et quelques ballades solennelles ramollies mais touchantes et bienvenues. Ainsi, « Chiquitita » dont les droits seront offerts à l’UNICEF, et « I Have a Dream » deviennent les extraits du disque les plus plébiscités par les anglais, et grimpent tous les deux à la seconde place du classement britannique. Le succès de Voulez-Vous, lancé par celui de ses tubes vitrines, permet aux quatre joyeux échangistes de pérenniser leur popularité gigantesque malgré une inspiration légèrement ramollie et mal occultée par l’énergie disco. La fête est partiellement gâchée par l’annonce d’un premier divorce, celui de Björn et Agnetha, à savoir le barbu et la blonde. Ils affirment heureusement vouloir poursuivre leur collaboration au sein d’ABBA, même si les plus belles heures du gentil collectif semblent désormais clairement révolues.

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