Blackfoot – No Reservations (1975)

Emmené par le guitariste/chanteur Rickey MedlockeBlackfoot parvient après trois ans d’existence scénique à signer chez Island. La seule atypicité (et pas des moindres) de ce groupe sudiste est d’être constitué aux trois quarts de natifs américains (plus communément appelés « indiens »). Pour le reste et notamment du coté musical, Blackfoot s’inscrit clairement dans la brèche ouverte par Lynyrd Skynyrd, à savoir un hard rock groovy et musclé qui laisse de coté les aspirations très métissées des pionniers du rock sudiste.

Les affinités avec Lynyrd Skynyrd ne se limitent effectivement pas aux origines géographiques (Jacksonville) puisque ce premier album reprend les grands principes du groupe deRonnie VanZant : la proéminence du riff et du groove alternant avec de longues ballades parfumées de country. Bien que le talent et l’inspiration soient moindres, nos indiens parviennent à faire de ce disque un effort plutôt attractif. Il est tout à fait légitime de manifester un doute sur l’authenticité de certains titres, tels que « Stars » et « I Stand Alone », de pâles copies respectives de « Simple Man » et « Free Bird ». Mais il est en revanche difficilement possible de contester l’efficacité et l’originalité de l’ensemble des grooves et riffs de l’album. Les prouesses que sont « Big Wheels », « Indian World », « Not Another Maker » ou encore « Railroad Man » sont à élever au sein des plus grandes réussites du genre. La longueur excessive de la plupart des titres et l’essoufflement qui en découle ne doit pas faire oublier qu’un premier album ne se fait que rarement sans naïveté. Rick Medlocke chante principalement à la cause des natifs américains, et délaisse ainsi les grandes causes sudistes que sont l’alcool entre amis et la misogynie. Ceci réjouit ou déçoit selon les aspirations, mais ne nuit en rien à l’impact musical du disque face aux rivaux sudistes.

Ce No Reservations ne peut donc que satisfaire l’amateur de hard rock américain, et particulièrement skynyrdien. Le Religionnaire y voit non seulement le meilleur album du groupe mais aussi un indispensable du rock sudiste. L’évolution ultérieure du groupe est certes légitime et plutôt réussie, mais malheureusement marquée par un véritable déracinement vers un hard rock plus générique que sudiste.

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